Liberté par Khalil Gibran : incisif...

Publié le par Nathalie - Tamara

Liberté par Khalil Gibran : incisif...
Extrait du "Prophète" de Khalil Gibran, ô combien résonnant avec l'ici et maintenant... Lucidité incisive... :
"Et un orateur dit, Parle-nous de la Liberté. Et il répondit : Je vous ai vu vous prosterner aux portes de la cité et dans vos foyers, et vous vouer au culte de votre propre liberté, comme les esclaves qui s'humilient devant un tyran et le louent, alors qu'il les anéantit. Oui, dans le bosquet du temple et dans l'ombre de la citadelle, j'ai vu les plus libres d'entre vous porter leur liberté comme un joug ou des menottes.
Et mon cœur saigna en moi ; car vous ne pouvez être libre lorsque vous forgez une chaîne du désir même de la liberté, et quand vous ne cessez de parler de la liberté comme d'un but et un accomplissement. Vous serez libre en vérité non pas quand vous jours seront sans tourments et vos nuits sans un désir ou un chagrin, mais d'avantage quand ces choses étrangleront votre vie, et que pourtant vous vous élèverez au-dessus d'elles, nu et sans entraves.
En vérité ce que vous appelez liberté est la plus solide de ces chaînes, bien que ses anneaux scintillent au soleil et éblouissent vos yeux.
Et à quoi voulez-vous renoncer dans votre quête de la liberté, si ce n'est à des parcelles de vous même ?
S'il existe une loi injuste que vous voudriez abolir, cette loi fut écrite de votre propre main sur votre propre front. Vous ne pouvez l'effacer en brûlant vos tables de la loi, ni en lavant le front de vos juges, même si vous déversiez sur eux la mer toute entière.
Et s'il existe un despote que vous voudriez détrôner, voyez d'abord si l'image de son trône érigée en vous est détruite. Car comment le tyran peut-il régner sur les affranchis et les fiers, s'il n'existe une tyrannie dans leur propre liberté et une honte dans leur propre fierté ?
Et s'il existe un tourment que vous voudriez dissiper, le siège de cette crainte est dans votre cœur et non dans la main du tourment. Vraiment, toutes les choses se meuvent dans votre être en une continuelle étreinte fatale ; ce que vous désirez et ce que vous redoutez, ce qui vous attire et ce qui vous répugne, ce que vous poursuivez et ce que vous voulez fuir. Ces choses se meuvent en vous comme la lumière et l'ombre, en couples enlacés."
 
Précision avant qu'il ne soit compris autre chose que ces mots... On projette si souvent à l'extérieur nos intérieurs...
Le focus nombriliste est parfois si fort qu'il occulte des ailleurs bien plus rudes et plus réellement brimés que ceux d'en bas de chez soi, bon c'est loin donc on s'en fout et après tout, certains dans le spi - univers en sont bien à soutenir de (vrais) dictateurs perçus comme éclaireurs... Congruence donc ;)

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